Les principaux acteurs

Charles Perraud

À 77 ans, Charles a construit sa vie avec le marais. Morbihannais d’origine, il arrive au marais salant de Guérande à l’âge de 26 ans pour y consacrer sa vie et son énergie. Avec et ses compères, Charles créé la coopérative “Les Salines de Guérande” dont il devient le directeur. Ensemble ils font revivre le marais et le sel de Guérande.

Tanguy Menoret

Tanguy est paludier coopérateur et président de l’AFPS. Depuis 2013, son arrivée sur le marais, le paludier venu de Bretagne milite pour une valorisation de l’impact local du sel produit à Guérande. Quand il devient président de l’association, il prend également en main le dossier de STG à bras le corps.

Charlotte Le Feuvre

Charlotte est un pur produit du marais salant. Elle est née dedans. Dans sa famille, c’est une profession qui se transmet. En 2008, elle commence à exploiter des marais et devient coopératrice. Elle devient par la suite présidente du conseil d’administration de la coopérative Les Salines de Guérande.

Alain Chaigneau

Pour Alain Chaigneau, le marais est un second souffle. Après avoir été caviste, il change de vie et souhaite prendre un bol d’air frais. Encouragé par un ami, il devient alors paludier et adhère à la coopérative pour faire partie d’un groupe. Il va aujourd'hui plus loin dans son engagement, puisqu’il préside l’Aprosela.

Vocabulaire

Traict : Bras de mer à l’intérieur des terres qui se vide et se remplit avec les marées.

Étier : Canal par lequel l’eau entre dans les marais salants.

Vasière : Réservoir de plusieurs hectares qui distribue l’eau aux salines attenantes.

Cobier : Bassin qui permet de se défaire des algues et crustacés.

Fare : Petit bassin où l’eau de mer va fortement se concentrer en sel.

Aderne : Réserve journalière d’eau pour les œillets.

Œillet : L’œillet est le dernier bassin du marais. C’est là que le paludier récolte le sel. Sa teneur en sel est la plus élevée de la saline, pour 1 litre d’eau, on retrouve 280 grammes de sel.

Ladure : Plateforme ronde dans la saline sur laquelle le paludier va déposer le gros sel récolté.

Galpont : Petit sentier d’argile construit par le paludier pour s’y déplacer.

Coopérative : entreprise créée et gérée par les producteurs. Elle stocke et vend les récoltes des paludiers.

Digue : La digue est le grand mur de pierre qui protège les marais salants. À Guérande, elle est longue de 27 kilomètres et est gérée par l’agglomération CapAtlantique et l’association des propriétaires de marais.

Gâteau de sel : Couche très épaisse et dure de sel formée au fond des bassins de Camargue.

Label :
Étiquette qui garantit l’origine ou la qualité d’un produit.

Las : Outil du paludier pour récolter le gros sel. C’est un long manche muni à son extrémité, d'une planche plate.

Lousse : Outil du paludier pour cueillir la fleur de sel. C’est un long manche où se trouve à l’extrémité une passoire plate qui retient la fleur et laisse s’écouler l’eau.

Marais : Désigne l’ensemble de la zone humide. À Guérande, il a été classé “site naturel protégé”, en 1996 et site “Natura 2000”, en 1992. Malgré l’absence de barrière, c’est un ensemble de propriétés privées.

Négociant : Celui qui achète le sel aux paludiers et le vend dans les grandes surfaces, industries alimentaires ou agricoles.

Paludier : L’exploitant de sel qui se situe au nord de la Loire.

Saline : Désigne l’ensemble des plans d’eau où le paludier travaille. Elle comporte plusieurs bassins qui concentrent au fur et à mesure la teneur en sel de l’eau. Quand l’eau entre dans la saline, après son passage dans la vasière, elle contient entre 20 et 30 grammes de sel par litre. Dans l'œillet, dernière étape, sa concentration en sel se situe entre 280 et 380 grammes par litre.

Saunier : L’exploitant de sel qui se situe au sud de la Loire.

Talus : Chemin qui sépare les salines. Emprunté par les paludiers, ce sont eux aussi qui s’assurent de son entretien. Avec la terre extraite du marais, le paludier va renforcer le chemin en hauteur pour qu’il puisse accueillir les tracteurs à la saison des récoltes. Il est également débroussaillé en hiver pour laisser ensuite les oiseaux faire leur nid.

Trémet : Plateforme attenante à la saline où la récolte de gros est déposée en fin de journée.

Une année au marais

De juin à septembre, c'est sur ces 4 mois que le paludier va récolter de sel de l'année et constituer le stock de sel qui va lui permettre de faire entrer de l'argent. C'est en fonction de cette période que l'on dit si une année a été fructueuse ou non.
À la suite de ces mois de récolte, le paludier va d'abord vider sa saline, puis au début de l'hiver la remplir, et ainsi la protéger des intempéries et du gel.  Le paludier va donc en profiter pour faire tout l’entretien général du marais, curer les passages d’eau, renforcer les talus et si besoin réparer la digue après les tempêtes.
À l'arrivée du printemps, afin de préparer la saison de la récolte, le niveau d'eau va être abaissé dans les bassins. Pendant l'hiver, des algues se sont également formées sur l'argile, le paludier va donc l'extraire et profiter ce mélange vaseux pour épaissir les ponts d'argile. Le marais va être par la suite remis en eau pour débuter le processus de concentration du sel.  

La biodiversité

Le marais est une zone humide totalement artificialisée par l’homme. Pourtant, grâce à l’entretien des bassins et des talus, les paludiers contribuent au développement de la faune et la flore.
Sur la grande surface plane d’argile, le maintien de la faible épaisseur d’eau et avec le soleil, la chaleur augmente. Cette association permet aux plantes et aux planctons de s’y développer. Comme la dunaliella salina, l’algue responsable en été de la coloration ocre des œillets. On la retrouve particulièrement dans ces bassins car elle s'épanouit dans une eau très salée. L’environnement est aussi propice à l’enrichissement des zooplanctons dans les bassins. L’artémia salina est un zooplancton mais appartient également à la famille aux crustacés. C’est l’aliment principal pour les alevins, poissons et crustacés. 
Lorsque le paludier va enlever l’eau des marais, ces planctons vont passer de la zone humide au Traict du Croisic pour nourrir les coquillages élevés dans l'embouchure.

Les larves, planctons et crustacés sont aussi de la nourriture pour les oiseaux présents sur le marais. Pour eux, ces bassins sont d’immenses garde-mangers. Des oiseaux en pleine migration s’arrêtent donc sur le marais ou établissent ici leur camp à l’année. Leur présence est fortement encadrée par des reconnaissances de sites exceptionnelles comme Natura 2000 et impose un calendrier pour le fauchage des herbes. Cela est encadré de sorte à tenir compte des périodes de reproduction de la faune.
Les oiseaux emportent également avec eux la dissémination de la flore. Ce milieu humide est propice au développement des algues, de la salicorne, mais aussi de certaines plantes dont la présence exceptionnelle et protégée condamne certains bassins à rester à l’état de friche.